Eric Halphen. Baisers maudits

Le juge Halphen a fait l'actualité, il y a quelques années lorsqu'il poursuivait les édiles franciliens pour des affaires de corruption dans les offices d'HLM.

Je suis tombé sur son roman Baisers maudits à un euro, chez Boulinier. Autant dire tout de suite que j'ai trouvé le titre du roman nul… mais, tout de même, en le supposant au second degré… Mais ce n'est pas la question. Le contraste entre le nom d'un juge assez connu et d'un titre à la Harlequin a attiré mon attention. J'ouvre ce blog par la recension de ce roman qui est le dernier que j'ai terminé de lire. En quelque sorte, c'est un billet numéro zéro, un coup d'essai.

J'ai acheté (à un euro, moins que le prix d'un café, le risque était faible). Un juge qui écrit, c'est quelqu'un comme moi, un auteur amateur. J'aime les auteurs amateurs, ils sont mes frères.

Le roman est bien meilleur que son titre, quoique le titre, une fois le roman lu, convienne assez bien. L'auteur se moque de son héros d'un bout à l'autre. Écrire un roman dont le personnage principal est grotesque n'est pas facile et Éric Halphen y parvient assez bien. L'auteur n'est pas un littéraire. Il fait de ce manque une qualité. le récit est direct, comme raconté à une table (on se souvient que Manon Lescaut aussi est un roman raconté), pas d'effets, juste du récit. Le lecteur est souvent directement interpellé.

L'argument est simplissime : un juge de province tombe amoureux d'une de ses prévenues. Cette aventure sans espoir lui pourrira la vie. Sans effets de pathos, l'affaire est intrigante et j'ai lu tout cela d'une traite. La femme n'est même pas vraiment jolie, juste inaccessible. Le juge est assez tristounet. Ils ont la carrure d'un couple de légende. C'est un drame romantique, pur jus. Le destin sépare les amants. Elle n'est pas claire, lui se trouve prisonnier des conventions bourgeoises. Le tout constitue un délicieux mélodrame. Elle, Elvire (comme la femme de Don Juan), est fascinante. On voudrait y voir Sharon Stone (dans Dernière danse), mais l'auteur ne nous en laisse pas le loisir. Description qui paraît authentique du milieu judiciaire (l'auteur étant juge, je suis tenté de le croire sur parole !)

J'aime l'écriture dégraissée : chez Halphen, je suis comblé : pas un mot de trop, jamais. La relecture à la hache fut efficace. Un seul défaut à mon goût : trop d'adresses au lecteur, au début c'est amusant, cela lasse ensuite, mais ce n'est pas grave. Un joli roman de vacances.

Éric Halphen. Baisers maudits. Buchet-Chastel. 2006.

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